Switch 2 : pourquoi je n’ai toujours pas craqué

Switch 1 Vs. Switch 2. Image générée par IA

Quand je repense à certaines périodes de ma vie, une console me revient immédiatement en tête. La Nintendo Switch première génération n’a jamais été qu’un simple objet pour moi : elle est devenue un repère. Depuis sa sortie en 2017, elle n’est pas seulement devenue ma console principale, elle s’est installée dans ma vie quotidienne comme une extension naturelle de mes habitudes. Une compagne silencieuse, toujours prête à s’allumer le temps d’une pause, d’un trajet ou d’un moment de calme volé.

Elle a partagé mes soirées tranquilles après le travail, mes voyages en train, mes vacances improvisées. Elle a connu mes victoires sur Mario Kart 8 Deluxe, mes émerveillements dans Zelda: Breath of the Wild, mes frustrations devant les ralentissements de Pokémon Écarlate & Violet.

Elle est un peu rayée, ses Joy-Con grincent parfois, mais elle fonctionne encore parfaitement.

Alors, quand Nintendo a enfin levé le voile sur la Switch 2, avec son écran plus net, ses performances dopées et ses promesses de renaissance technologique, beaucoup autour de moi s’attendaient à ce que je fonce.

Mais non.

Et, je m’en rends compte en parlant avec d’autres joueurs, que je suis loin d’être le seul.

Le dilemme de la fidélité technologique

Hollow Knight

Je pourrais invoquer la nostalgie, la prudence, ou même la fainéantise. Mais la vérité est plus nuancée : je n’ai pas encore ressenti le besoin de changer.

En sept ans, la Switch 1 est devenue plus qu’un simple matériel de jeu. C’est un écosystème personnel, un espace de confort et de continuité.

Et ça, dans un monde qui célèbre la mise à jour permanente, c’est presque subversif.

Je me souviens d’une soirée pluvieuse, il y a quelques mois. Les enfants dormaient, j’ai relancé Hollow Knight. Les premières minutes ont suffi à tout me rappeler : les musiques, les sons, la tension du combat. La magie était intacte.

À cet instant précis, j’ai su que ma vieille Switch n’avait pas dit son dernier mot.

Je n’avais pas besoin d’un écran plus précis pour ressentir cette émotion.

Parce que le jeu, le vrai, ne dépend pas seulement de la puissance. Il dépend du contexte, du moment, de cette alchimie entre le joueur et sa machine.

Changer de console, c’est briser un équilibre. Il faut transférer ses sauvegardes, reconfigurer ses comptes, racheter parfois des jeux déjà possédés. Tout ça pour, au fond, retrouver un plaisir qu’on n’a jamais vraiment perdu.

Le facteur économique : la réalité du portefeuille

Switch 2 : Le prix - Image générée par IA

Mais soyons lucides : la Switch 2 est chère.

Avec un prix oscillant autour de 450 €, voire plus de 500 € pour les bundles les plus populaires, la facture grimpe vite si l’on ajoute une carte microSD, une housse, et un ou deux jeux de lancement.

Je me suis surpris, un matin, à faire le calcul machinalement.

Résultat : le prix total équivalait à deux jeux récents, une manette pro et un week-end en famille. Et là, la passion a dû céder la place à la raison.

Et, au-delà du prix, il y a une question de timing. Acheter une console au lancement, c’est souvent payer plus cher pour moins de contenu. Les premiers mois sont faits de correctifs, d’attentes et d’ajustements.

Attendre, dans le monde du jeu vidéo, est souvent une stratégie gagnante. On bénéficie d’un écosystème plus stable, d’une offre de jeux plus riche, et parfois même d’une baisse de prix bienvenue.

Alors oui, j’aime ma Switch. Mais j’aime aussi ma tranquillité financière. Et aujourd’hui, les 500 € qu’exige la Switch 2 ne résonnent pas en moi comme une priorité.

Les habitudes, ce confort qu’on sous-estime

Mario Kart 8

La première Switch a profondément modifié ma manière de jouer.

Avant elle, je choisissais entre console de salon et console portable. Elle a effacé cette distinction. En un geste, je peux passer du canapé à la chambre, de la télé au mode portable, sans perdre une seconde.

C’est un confort discret, mais devenu indispensable.

Je connais cette machine par cœur : la position des boutons, la vibration caractéristique des Joy-Con, le clic sec du support.

Ce sont des repères physiques et mentaux que j’ai intégrés sans m’en rendre compte.

Changer, ce serait réapprendre à jouer, un luxe que je ne ressens pas comme nécessaire actuellement.

Et puis, il y a les souvenirs.

Un dimanche après-midi, mes enfants et moi, penchés sur l’écran pour une course endiablée de Mario Kart.

Les éclats de rire, les petites tricheries, les protestations injustifiées.

C’est plus qu’un jeu : c’est une scène de vie.

Et, quelque part, je ne suis pas certain de vouloir y toucher.

L’absence d’un vrai déclencheur : où sont les exclusivités ?

Zelda Breath of the Wild

C’est sans doute le point le plus déterminant.

La Switch 2 est là, oui. Mais pour quoi faire ?

Où est le Breath of the Wild de cette nouvelle génération ?

Où est le titre qui donne envie de tout plaquer pour s’enfermer dans une aventure inédite ?

Pour l’instant, les exclusivités marquantes se font attendre. On a des portages, des remasters, des « versions améliorées », en somme, une continuité plus qu’une rupture.

Je me rappelle encore du choc ressenti en découvrant Hyrule pour la première fois, en 2017 sur la première Switch. Le sentiment d’être minuscule face à un monde immense, libre, presque infini.

Ce frisson-là, je ne l’ai pas encore ressenti avec la Switch 2.

Et sans ce frisson, sans ce moment de bascule, la console n’est pas une nécessité. Elle reste un luxe, une promesse en attente de sa première claque émotionnelle.

Observer avant d’agir : l’art du recul vidéoludique

Switch sur table cosy - Image générée par IA

Peut-être est-ce mon côté prévoyant, ou simplement le fruit de l’expérience, mais j’ai appris à ne plus acheter sous impulsion.

Je préfère observer, écouter, lire.

Les premiers retours sur la Switch 2 sont d’ailleurs révélateurs : beaucoup saluent sa puissance et son confort, mais peu parlent de révolution.

Pour beaucoup, la différence est sensible sans être spectaculaire. Oui, les jeux tournent mieux, les temps de chargement fondent, mais l’essence de l’expérience reste la même.

Et, pour le joueur moyen, la Switch 1 tient encore admirablement la route.

Je préfère donc prendre du recul. Voir comment le marché évolue, comment Nintendo gère la transition, et surtout comment les studios vont exploiter cette nouvelle puissance.

Car une console, ce n’est pas la fiche technique qui la définit, c’est la manière dont les développeurs s’en emparent.

Le plaisir avant tout

Mario Odysée

À la fin de la journée, tout se résume à une question simple : ai-je encore du plaisir à jouer sur ma Switch 1 ?

Et la réponse est oui, sans la moindre hésitation.

Je n’ai pas besoin d’une définition 4K pour sourire en attrapant une lune dans Super Mario Odyssey, ni de 120 fps pour m’émerveiller devant un coucher de soleil sur Red Dead Redemption.

Ce qui compte, ce n’est pas la performance brute. C’est l’instant, le lâcher-prise, la sensation de retrouver un espace familier où le quotidien s’efface.

Un soir, épuisé après une journée de travail, j’ai relancé Céleste. Dix minutes plus tard, je me surprenais à sourire, concentré, absorbé, apaisé.

La Switch 2 n’aurait rien changé à ça.

Et c’est peut-être là le cœur du problème : la Switch 1 me donne encore tout ce dont j’ai besoin.

Conclusion : la douceur d’attendre

Switch

Ne pas acheter la Switch 2, ce n’est pas refuser le progrès.

C’est simplement choisir le bon moment.

C’est accepter de ne pas suivre le flux, de ne pas céder à la pression du « tout de suite ».

Ma Switch 1 est encore là, solide, pleine de vie et de souvenirs. Elle représente une forme d’équilibre rare : une technologie mature, maîtrisée, humaine.

Je sais que viendra un jour où je craquerai. Quand un jeu me fera vibrer, ou qu’une offre me semblera irrésistible.

Mais ce jour-là, ce sera pour les bonnes raisons.

En attendant, je continue de jouer, de rire avec mes enfants, de redécouvrir mes classiques, de savourer le temps qui passe.

Le véritable luxe du joueur moderne réside peut-être là : dans l’art d’attendre sans perdre l’essentiel.

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Auteur
Torax

Rédacteur / Chroniqueur jeux vidéo pour techcafe.fr

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