Red Dead Redemption : le jeu qui me ramène à l’essentiel

Red Dead Redemption

Il existe des jeux que l’on termine et que l’on range comme un livre dont on a aimé l’histoire mais que l’on ne relira jamais. Et puis il y a ceux qui nous marquent d’une empreinte indélébile, qui continuent à vivre quelque part en nous, longtemps après que la console a été éteinte.

Pour moi, ce jeu-là, c’est Red Dead Redemption.
Pas parce qu’il est considéré comme un chef-d’œuvre (même si c’est indiscutable) mais parce qu’il est devenu un compagnon silencieux, un espace où je retourne chaque fois que ma vie intérieure commence à trembler.

Je ne sais jamais vraiment quand ce besoin va surgir. Parfois c’est après une série de nuits trop courtes, parfois après une journée où chaque mail semble être une urgence, parfois après cette sensation de courir après quelque chose que je ne parviens plus à définir. Dans ces moments-là, alors que le stress s’installe comme un nuage lourd, une idée simple revient : je dois retourner là-bas, dans le Far West.

Je ne lance pas une partie pour m’évader. Je la lance pour me retrouver.

Un refuge inattendu

Red Dead Redemption

On a tous une idée du « jeu réconfort » : quelque chose de doux, coloré, simple, presque maternel. Pour certains, c’est Animal Crossing avec son monde pastel et ses voisins qui répètent inlassablement les mêmes phrases rassurantes. Pour d’autres, c’est Stardew Valley, ses récoltes tranquilles et ses routines apaisantes.

Moi, mon refuge, c’est un monde où tout peut me tuer.

C’est un désert brûlant.
Un univers où bandits, coyotes et soldats mexicains ne me laissent que peu de répit.
Un lieu où, à n’importe quel moment, une fusillade peut éclater sans prévenir.

Et pourtant, c’est là que je me sens en sécurité.

Je me souviens d’une soirée où tout allait trop vite : mes deadlines s’accumulaient, mes notifications vibraient sans arrêt, et je me retrouvais à fixer mon écran d’ordinateur complètement saturé. J’ai fermé tout ça, lancé Red Dead Redemption, et quelques minutes plus tard, je chevauchais seul, de nuit, en direction de Armadillo. La plaine était noire, seulement éclairée par la lune. Il n’y avait plus de bruits agressifs, plus de notifications, seulement le galop régulier de mon cheval et le vent qui soufflait dans les herbes sèches.

Je respirais de nouveau.

La lenteur comme thérapie

Red Dead Redemption

La grande force de Red Dead Redemption, c’est son rapport au temps.
Un temps qui n’est pas compressé ou optimisé.
Un temps réel. Un temps vécu.

Quand je lance le jeu, je ne cherche pas l’action ni l’adrénaline.
Je cherche la lenteur.

Ce moment où John Marston met du temps à monter sur son cheval.
Ce moment où la caméra prend quelques secondes pour se replacer derrière lui.
Ce moment où le galop commence doucement avant de s’accélérer.

Tout prend le temps que ça doit prendre.
Et ce « temps-là » devient un antidote à l’urgence de ma vie.

Un exemple qui m’a marqué :
Un jour, alors que j’étais épuisé, j’ai simplement décidé de traverser la carte d’est en ouest, sans mission, sans but. Je voulais juste voir le soleil se coucher derrière les montagnes de New Austin. Je me rappelle encore du moment où le ciel est passé du jaune au rouge, puis à un violet profond, et où la musique s’est faite presque imperceptible. Pendant plusieurs minutes, je n’ai rien fait d’autre qu’avancer.

Ce n’était pas du jeu vidéo :
c’était de la respiration.

Cette lenteur n’est jamais un défaut.
C’est une philosophie.
Un manifeste qui dit : « Ralentis. Tu n’as rien d’autre à faire que d’être là. »

Quand on installe un campement, le jeu nous oblige à regarder Marston poser son matériel, allumer un feu, s’asseoir. Ce n’est pas une fonctionnalité : c’est une pause imposée.
Une pause que, dans la vraie vie, je ne sais plus prendre.

Ce rythme m’offre un espace que j’ai du mal à trouver ailleurs, un espace où je peux me laisser retomber.

Retrouver un univers familier

Red Dead Redemption

Je crois que l’une des raisons pour lesquelles ce jeu me rassure, c’est parce que je le connais par cœur.

Je connais la route poussiéreuse entre Armadillo et le Ranch MacFarlane.
Je connais la montée progressive vers le Mont Hagen et son silence inquiétant.
Je connais même la manière dont les passants crient « Mister Marston ! » quand je passe près d’eux.

C’est comme revoir un vieux film qu’on a usé jusqu’à la corde mais qui fonctionne toujours.
Un film qu’on regarde non pas pour être surpris, mais pour être réassuré.

Je me souviens d’une nuit où je suis arrivé pour la énième fois à Blackwater. Le port était toujours là, immobile, avec ses lampes qui balançaient doucement. Rien n’avait changé depuis des années.

Dans un monde où tout va trop vite, où tout évolue, où tout se transforme, Red Dead Redemption reste fidèle, constant, figé dans un état parfait.
Et cette stabilité devient un rempart contre l’instabilité du quotidien.

Même la tragédie finale, que je connais par cœur, ne me repousse pas.
Elle me rassure.

Parce qu’elle ne change pas.
Parce qu’elle est toujours là.
Parce que je sais exactement quand elle arrive, comment elle se déroule, et ce que je vais ressentir.

La certitude, aujourd’hui, est un luxe.
Red Dead Redemption m’en offre une.

Un miroir de mes émotions

Red Dead Redemption

John Marston n’est pas un héros.
Il est un homme brisé qui essaie de réparer ce qui peut encore l’être.

Et c’est précisément pour cela que je m’attache à lui.

Quand je traverse une période compliquée, je me revois dans ses silences, dans ses hésitations, dans son regard qui semble toujours fatigué. Ce n’est pas un personnage qui triomphe : c’est un personnage qui endure.
Qui continue malgré les coups.
Qui ne sait pas s’il va réussir, mais qui avance quand même.

Je me souviens de cette mission où John aide Bonnie MacFarlane à récupérer du bétail sous une pluie battante. Rien de glorieux. Rien de spectaculaire. Juste un homme qui fait ce qu’il peut, avec ce qu’il a, face à une situation qui le dépasse.


Cette séquence m’a toujours parlé, parce qu’elle ressemble à la vie réelle :
On ne gagne pas toujours.
On ne comprend pas toujours.
Mais on fait de notre mieux.

Et parfois, c’est suffisant.

Dans ces moments, Red Dead Redemption devient un miroir.
Un miroir qui ne juge pas, qui n’amplifie pas.
Un miroir qui dit : « Tu n’es pas seul à te sentir comme ça. »

Plus qu’un jeu : un havre

Red Red Redemption

Je pourrais dire que Red Dead Redemption est un chef-d’œuvre.
Qu’il a marqué l’histoire du jeu vidéo.
Qu’il a influencé des générations de développeurs.

Tout cela est vrai.
Mais ce n’est pas pour ça que j’y retourne.

J’y retourne parce que ce monde a fini par devenir un refuge émotionnel.
Un lieu où la pression se dissipe, où la beauté simple des choses reprend sa place : un coucher de soleil, un galop dans la poussière, une chanson qui s’élève quand on traverse une frontière invisible.

Dans un médium saturé de quêtes, de notifications, de récompenses, Red Dead Redemption offre l’inverse :
un espace libre.
Un espace sans exigence.
Un espace où l’on peut juste être.

Et parfois, c’est exactement ce dont on a besoin.

Quand le jeu devient soutien psychologique

Red Dead Redemption

Ce rapport intime que j’entretiens avec Red Dead Redemption n’est pas un cas isolé.
Beaucoup de joueurs trouvent un refuge dans un jeu.

Parfois un monde mignon, parfois un environnement familier, parfois un univers dur mais sincère.

Le jeu vidéo peut être un exutoire, un sas, un rituel de survie mentale.
Un endroit où l’on dépose ce qu’on n’arrive plus à porter seul.

Pour certains, ce sera un livre.
Pour d’autres, une chanson.
Pour moi, c’est un cheval lancé au galop dans un désert silencieux.

Et je sais une chose : tant que la vie me secouera, je retrouverai toujours le chemin du Far West !

Fiche technique

Titre : Red Dead Redemption
Développeur : Rockstar San Diego
Éditeur : Rockstar Games
Plateformes : PlayStation 3, Xbox 360, Nintendo Switch, PlayStation 4, Xbox One, Xbox Series X/S
Genre : Action-aventure / Western / Monde ouvert

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Auteur
Torax

Rédacteur / Chroniqueur jeux vidéo pour techcafe.fr

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