Les Game Awards 2025 ne se résument pas à un palmarès, et je ne prétends pas livrer ici une présentation complète de l’événement. Ce que je retiens, c’est l’essence brute de cette soirée : l’excitation, la surprise, parfois l’ébahissement, souvent le « What The Fuck » pur et simple. Entre un raz-de-marée de trophées pour Clair Obscur : Expedition 33, des franchises iconiques qui renaissent, des suites attendues qui donnent des frissons et des annonces complètement délirantes, cette cérémonie a oscillé entre poésie, nostalgie et chaos jubilatoire. Voici ce que j’en retiens !
« Clair Obscur : Expedition 33 » : le triomphe absolu… auquel je reste un peu extérieur

Je vais commencer par le cœur du cyclone, celui autour duquel toute la soirée semblait graviter, Clair Obscur : Expedition 33. Je sais que je vais hérisser quelques poils, peut-être même provoquer quelques soupirs exaspérés, mais tant pis : je n’ai pas été frappé par la foudre comme une immense partie de l’industrie semble l’avoir été. J’ai trouvé le jeu bien orchestré, graphiquement agréable, riche d’une vision artistique étonnamment mature pour un premier titre. Tout cela est vrai.
Mais je n’ai jamais eu ce déclic viscéral, cette décharge électrique qui m’avait transformé en apôtre d’Elden Ring, d’Hades, ou plus récemment de Baldur’s Gate 3. Expedition 33, je l’accepte. Je le tolère. Mais je ne l’aime pas.
Alors quand j’ai vu les trophées (jeu de l’année, direction artistique, narration, game direction, performance de Jennifer English, meilleur jeu indépendant, meilleur RPG) s’enchaîner à un rythme qui flirtait avec l’indécence, je me suis demandé si l’industrie n’avait pas voulu ériger Clair Obscur en emblème symbolique plutôt qu’en simple lauréat. Comme si les Game Awards avaient décidé : « Cette année, on célèbre le grand jeu poétique, le grand jeu européen, le grand jeu auteuriste ». Un geste que je respecte, mais qui me laisse un léger arrière-goût d’excès.
Et pourtant, chaque récompense prise individuellement peut se défendre. Peut-être que je suis simplement moins sensible à cette approche, peut-être que je passerai à côté d’un classique pour encore quelques années. Ce ne serait pas la première fois. Certains jeux ont besoin de maturer comme le vin, et nous avec.
Quand la cérémonie reprend son souffle : un palmarès qui respire enfin

Une fois la tempête Expedition 33 passée, la cérémonie a enfin pu respirer. L’air s’est relâché, et les projecteurs ont pu se tourner vers d’autres œuvres, rappelant que 2025 ne se résumait pas à un raz-de-marée poétique.
Hollow Knight : Silksong remporte le prix du meilleur jeu action/aventure. Sur le papier, c’est indiscutable. Le level design est impeccable, la fluidité du gameplay et la précision des mouvements de Hornet sont remarquables. Mais soyons honnêtes : cette victoire me laisse un goût mitigé. Ce n’est pas tant le jeu en lui-même qui est en cause (il est très bon, vraiment), mais plutôt l’énorme aura qui l’entoure. Des années d’attente, de spéculations, d’analyses communautaires… L’excitation collective a presque dicté le résultat. Je ne peux m’empêcher de penser que la récompense reflète plus la délivrance émotionnelle du public que le jugement froid de ses qualités intrinsèques. C’est un excellent jeu, mais son sacre semble autant porté par la hype que par le talent pur.
Hades II, en revanche, décroche le prix du meilleur jeu d’action sans discussion. Ici, pas de mythe, pas d’emballement émotionnel : Supergiant Games continue de livrer ce qu’il sait faire de mieux depuis des années, et la victoire tombe avec évidence. Pas besoin de faire durer le suspense.
Final Fantasy Tactics, ressuscité après des années dans l’ombre, remporte le prix du meilleur jeu de stratégie. Voir cette licence revenir et s’imposer avec autant de panache m’a fait plaisir. C’est le genre de réapparition qui rappelle que certaines mécaniques, quand elles sont parfaitement exécutées, traversent le temps sans perdre de leur force.
Les victoires de Nintendo, avec Donkey Kong Bananza et Mario Kart World, sont à la fois logiques et méritées. Ces jeux incarnent la maîtrise totale de la formule : accessibles, funs et techniquement irréprochables. Petite précision, pour Mario Kart, malgré son apparence enfantine et son côté léger, je ne peux que saluer sa légitimité comme jeu de sport. Ceux qui veulent le reléguer au simple « jeu familial » oublient que son gameplay exige timing, précision et compétitivité. Il reste donc, à sa manière, un pur jeu sportif.
Arc Raiders, récompensé comme meilleur multijoueur, est une bouffée d’air frais. Il montre que le jeu service peut encore être pensé intelligemment, avec innovation et respect des joueurs, loin du cynisme qui envahit parfois le genre.
No Man’s Sky m’a surpris au premier abord pour la catégorie « Meilleur suivi de jeu ». J’avais instinctivement parié sur Fortnite. Mais en y réfléchissant, la victoire est parfaitement logique. Depuis sa sortie, les équipes ont transformé le jeu, le peaufinant sans relâche, corrigeant ses défauts, ajoutant des contenus et repensant des mécaniques entières. Le prix ne célèbre pas seulement le jeu en lui-même, mais le travail acharné des équipes pour en faire une expérience solide et pérenne.
Enfin, voir Doom : The Dark Ages récompensé pour ses options d’accessibilité m’a vraiment réjoui. Il est clair que l’industrie commence enfin à comprendre qu’ouvrir un jeu à tous ne diminue pas sa force, au contraire, cela enrichit l’expérience, la rend plus intense et plus inclusive.
Nouvelles licences et suites ambitieuses : quand l’industrie ose et se projette

C’est à ce moment-là que mon cœur a vraiment recommencé à battre. Après le raz-de-marée Expedition 33 et les trophées quasi mécaniques, la soirée a enfin montré que l’industrie pouvait encore surprendre, frissonner, inventer. Et pas seulement avec de nouvelles licences : les suites annoncées ont autant de potentiel à captiver, à choquer et à marquer durablement les esprits.
Exodus, signé par des anciens de BioWare, est une première claque. On pourrait critiquer le fait qu’il s’appuie sur un héritage Mass Effect, mais pour moi, ce n’est pas un problème : c’est au contraire un pari courageux. Plutôt que de recycler, le studio assume une continuité dans l’état d’esprit, une philosophie de jeu devenue rare. J’y vois une forme d’audace, celle de créer un prolongement d’un genre qui aurait pu tomber dans l’oubli.
Ontos, le prochain Frictional Games, m’a happé sans prévenir. Une horreur SF, avec Stellan Skarsgård en narrateur, et ce parfum de malaise intelligent que seul ce studio sait créer. J’ai senti un frisson monter en moi rien qu’à la bande-annonce. Voilà exactement le type d’expérience qui redonne foi dans le jeu vidéo comme vecteur d’émotions matures et de tension réelle. Pas de fan service, pas de recettes toutes faites. Juste de l’angoisse purement pensée pour l’immersion.
Et puis… Star Wars : Fate of the Old Republic. Je dois l’avouer, j’ai eu un sursaut. Une suite spirituelle à KOTOR ? En 2025 ? Je ne pensais plus entendre cette phrase. L’annonce a frappé comme un séisme. Il y a ici un vrai risque, et c’est exactement ce que j’aime : reprendre ce qui a fonctionné tout en cherchant à inventer sa propre identité. Si le jeu y parvient, ce sera un choc narratif majeur dans l’univers Star Wars. Si le studio se plante… eh bien, au moins ils auront osé.
Bad Robot Games avec 4:Loop m’a laissé plus circonspect. L’idée de narration expérimentale est séduisante, mais l’annonce, honnêtement, n’a rien de renversant. Je laisse le bénéfice du doute au studio, parce que parfois, l’idée explose pleinement seulement au moment où elle devient jouable.
Puis vient Gang of Dragon, le premier projet de Toshihiro Nagoshi après son départ de Sega. Avec ce jeu, l’ombre de Yakuza est évidente, presque écrasante, mais je veux croire que le studio saura s’en détacher et créer sa propre identité. Le projet me rend impatient : j’ai envie de voir ce que va donner ce mélange d’action, de narration et de simulation criminelle réinventée par Nagoshi.
Forest 3, lui, m’a carrément interpellé. Toujours aussi malaisant, cette suite de The Forest et Sons of the Forest promet un final à la hauteur de la trilogie : sombre, immersif, oppressant. Je sens que ce sera une expérience qui marquera ceux qui oseront s’y plonger, et je ne demande rien de moins.
Le réveil des titans : quand les monuments reviennent avec l’assurance de ceux qui n’ont rien à prouver

Certaines annonces m’ont retourné le cerveau, non pas parce qu’elles étaient inattendues, mais parce qu’elles rappellent que certaines icônes ne disparaissent jamais vraiment.
Tomb Raider en est le parfait exemple. La nouvelle d’un remake du tout premier opus et d’un nouvel épisode prévu pour 2027 n’était pas une énorme surprise (les rumeurs circulaient depuis plusieurs jours), mais retrouver Lara Croft sur scène a eu ce petit effet magique et particulièrement excitant qui a su capter mon attention. J’aurais apprécié un premier aperçu de la future série Netflix, mais même sans cela, voir la franchise renaître ainsi m’a rappelé pourquoi elle reste une légende. Lara Croft fait partie de ces héroïnes qui dorment parfois, mais ne meurent jamais.
Ace Combat fait son retour pour célébrer son 30ᵉ anniversaire, et je dois avouer que je ne m’y étais jamais vraiment essayé. Pourtant, cette annonce m’a intrigué, et je sens que je vais enfin comprendre pourquoi la série a marqué tant de joueurs
Puis il y a Mega Man : Dual Override, prévu en 2027 en 2.5D cel-shadé pour les quarante ans de la franchise. Ici, impossible de rester objectif. Mon cœur de gamer a vibré comme rarement. Mega Man fut l’un des premiers jeux sur lesquels j’ai mis les mains, et voir cette série renaître avec un style graphique modernisé, tout en conservant son âme, est un vrai moment de nostalgie heureuse et d’émerveillement pur.
Capcom n’a pas seulement frappé avec Mega Man. Resident Evil Requiem a également été présenté, et si l’horreur n’est pas mon terrain de jeu préféré, je dois reconnaître que l’annonce était impressionnante. La tension, les visuels, l’atmosphère oppressante : tout y est pour raviver la peur classique de la série. Ce n’est pas mon kif personnel, mais il serait idiot de ne pas mentionner la réaction intense du public, qui a vibré avec chaque image et chaque montée de suspense. Capcom montre qu’il maîtrise toujours l’art de captiver, même ceux qui, comme moi, ne sont pas forcément friands du genre.
Blizzard n’est pas en reste avec l’annonce de l’extension Diablo IV: Lord of Hatred. Rien qu’en regardant la bande-annonce, j’ai senti mon sang bouillir. Un combat titanesque contre Méphisto nous attend, baigné dans une ambiance baroque et violente qui promet de ne pas faire dans la dentelle. Avec cette extension, Blizzard semble enfin renouer avec la magie et l’intensité de Diablo II, un exploit que l’opus précédent n’avait pas réussi à reproduire. On sent une volonté claire de retrouver cette tension, cette brutalité, ce sentiment de danger omniprésent qui avait fait la légende de la série. Pour moi, c’est exactement le type de retour aux sources que j’attendais.
Mais la véritable claque, c’est Divinity, le prochain jeu de Larian Studios après Baldur’s Gate 3. J’ai été un peu surpris par le côté gore et sale du premier aperçu, mais c’est exactement ce qui me rend impatient : Larian refuse de se laisser pétrifier par son succès, et ose aller là où on ne les attend pas. Après la bombe que fut Baldur’s Gate 3, j’ai hâte de voir comment ils vont réinventer le genre tout en gardant cette identité narrative et ludique qui leur est propre.
Le second spectacle : ces annonces qui transforment une soirée en « What The Fuck » émotionnel !

Les Game Awards sont devenus un paradoxe fascinant : une cérémonie qui pourrait se résumer à des remises de prix, mais qui, année après année, devient surtout un gigantesque feu d’artifice d’annonces inattendues. Et cette édition 2025 a été littéralement surréaliste.
Werner Herzog dans une pub Warframe ? Sérieusement. Qui aurait pu prédire ça ? Probablement personne. Et pourtant, j’ai adoré. Voir un monument du cinéma, ce maître de l’étrange, s’inviter dans le monde du jeu vidéo, c’est un moment qui m’a laissé bouche bée. C’est plus qu’un simple caméo. c’est une main tendue entre deux arts, un pont entre le cinéma et le jeu. Et je ne peux m’empêcher d’espérer qu’Herzog ne se contentera pas de sa voix sur une bande-annonce, mais qu’il sera vraiment là, dans le jeu, pour enfoncer le clou de son aura unique.
Puis, Nintendo a lâché 30 secondes du film Super Mario Galaxy. Trente secondes à la fois psychédéliques et délirantes, où Luigi se révèle enfin (ou pas) en héros badass. Ce n’était pas grand-chose, objectivement, mais j’ai senti cette petite étincelle d’émerveillement que seul Mario sait provoquer.
Mais la cerise sur le gâteau (mon plaisir coupable absolu de ces Game Awards 2025), c’est la bande-annonce du nouveau film Street Fighter. Et là… comment dire… c’est un shot de pure folie. Un live-action qui semble osciller entre l’Olympe et le nanar culte. Les costumes nullissimes, les acteurs approximatifs, les néons criards, le scénario inexistant. Et pourtant, j’ai ressenti quelque chose de totalement euphorisant. C’est exactement ce que j’attends de Street Fighter : un spectacle abrutissant, absurde, outrancier, en parfaite adéquation avec l’esprit déjanté et coloré du jeu. Je n’attendais rien du film, et pourtant… je n’ai qu’une envie : le voir, m’immerger dans ce chaos assumé, et me laisser emporter par cette débauche de nanardise jubilatoire.
Entre émerveillement et amertume : le goût complexe des Game Awards 2025

En sortant de cette édition 2025 des Game Awards, je repars avec un mélange étrange : des étoiles plein les yeux et un goût amer sur la langue. J’ai vu des jeux que je respecte mais que je n’aime pas triompher comme si c’était une évidence, et des œuvres que j’affectionne recevoir enfin la reconnaissance qu’elles méritent. J’ai vu l’industrie brûler d’ambition, se projeter vers l’avenir avec une audace presque insolente, prête à surprendre, à choquer, à déconcerter.
Les Game Awards 2025 n’ont pas cherché à plaire à tout le monde. Et paradoxalement, c’est ce qui les rend passionnants. C’est un feu d’artifice de passions, de nostalgie et d’audace. Je repars avec des souvenirs intenses, des frissons et des éclats de rire, mais aussi avec cette petite amertume qui me rappelle que même dans la célébration, tout n’est jamais parfait. Et c’est exactement ce mélange qui rend le jeu vidéo si vivant.
Récapitulatif du palmarès des Game Awards 2025
| Catégorie | Gagnant |
|---|---|
| Jeu de l’année | Clair Obscur : Expedition 33 |
| Meilleur premier jeu indépendant | Clair Obscur : Expedition 33 |
| Meilleur jeu d’action/aventure | Hollow Knight Silksong |
| Meilleur jeu d’action | Hades II |
| Meilleur jeu de rôle | Clair Obscur : Expedition 33 |
| Meilleur jeu familial | Donkey Kong Bananza |
| Meilleur jeu de courses / sport | Mario Kart World |
| Meilleur jeu de combat | Fata Fury City of the Wolves |
| Meilleur jeu de stratégie | Final Fantasy Tactics |
| Meilleur jeu VR/AR | The Midnight Walk |
| Meilleure direction de jeu | Clair Obscur : Expedition 33 |
| Meilleure direction artistique | Clair Obscur : Expedition 33 |
| Meilleure narration | Clair Obscur : Expedition 33 |
| Meilleure performance | Jennifer English (Maëlle dans Clair Obscur : Expedition 33) |
| Meilleurs effets sonores | Battlefield 6 |
| Meilleure bande-son | Clair Obscur : Expedition 33 |
| Meilleur suivi de jeu | No Man’s Sky |
| Meilleur jeu multijoueurs | Arc Raiders |
| Meilleures options d’accessibilité | Doom the Dark Ages |
| Meilleur jeu mobile | Umamusume: Pretty Derby |
| Meilleur jeu “Game for Impact” | South of Midnight |
| Jeu le plus attendu | Grand Theft Auto VI |
| Meilleure adaptation | The Last Of Us Saison 02 |
| Créateur de contenus de l’année | MoistCr1tikal |
| Meilleure équipe Esport | Team Vitality |
| Meilleur joueur Esport | Chovy |
| Meilleur jeu Esport | Counter Strike 2 |



