Test : « Pure Pool » sur Nintendo Switch – Le réalisme au bout de la queue

Pure Pool Titre

Éditeur : Ripstone | Développeur : VooFoo Studios | Prix : 13,99 € | Langue : français | Également disponible sur PC, PlayStation 4 et Xbox One

Débarquant sur Switch après avoir déjà roulé sa bosse sur PC, PlayStation 4 et Xbox One, Pure Pool ne se présente pas comme une nouvelle version, mais comme un portage maîtrisé, propre, léger et fidèle. Un jeu affûté, presque obsédé par sa propre précision, mais qui ne fera pas l’unanimité. Derrière ses qualités indéniables, il cache une austérité certaine, un manque de pédagogie étonnant, et une exigence qui confine par moments à la rigidité. Pure Pool vise juste, mais vise une niche….

Un lounge silencieux, une interface qui respire… et un accueil un peu froid

Pure Pool Gameplay

L’ouverture du jeu donne immédiatement le ton. On ne se retrouve pas face aux habituels grands panneaux de menus saturés d’icônes. Au contraire, on navigue dans une ambiance feutrée, comme si l’on poussait la porte d’un lounge un peu trop chic pour nous. Les menus sont épurés, intégrés directement dans la scène de jeu, discrets, comme s’ils s’excusaient presque d’exister.

Un tutoriel minimaliste accompagne les premières minutes. Il présente les commandes principales, le geste de visée, la gestion des effets, la puissance. Cela va droit au but, efficacement, sans dispersion. On comprend rapidement comment manipuler la queue, comment anticiper les trajectoires, comment doser un coup, mais à condition de savoir déjà ce qu’est une partie de billard. Car Pure Pool ne prend jamais le temps d’expliquer les règles du jeu. Pas un mot sur les différences entre le 8-ball ou le 9-ball, pas un rappel du déroulement d’une manche, pas la moindre mise au clair sur les fautes. Ce manque de pédagogie surprend d’autant plus qu’il contraste avec le reste de l’expérience, soignée jusque dans ses détails.

Le paradoxe est étrange : les commandes sont accessibles, mais l’approche globale est hermétique. Le joueur novice risque la frustration en moins d’une poignée de minutes. Pure Pool est un jeu qui semble considérer que si vous êtes ici, c’est que vous savez déjà jouer. Et si vous ne savez pas, à vous de ramer.

Une prise en main limpide, mais une maîtrise qui se gagne au prix d’une rigueur implacable

Pure Pool Visée

Manette en main, l’ensemble est d’une clarté remarquable. La visée est nette, précise, intuitive. La gestion de la puissance, en revanche, révèle toute l’exigence du titre. Le moindre centimètre de joystick influence drastiquement le résultat. C’est simple à comprendre, mais difficile à maîtriser. Un geste trop appuyé, et c’est la faute. Un mouvement trop léger, et la stratégie s’effondre.

Pure Pool cultive cette philosophie du contrôle absolu. Rien n’est laissé au hasard, rien n’est simplifié, rien n’est arrondi pour flatter le joueur occasionnel. C’est un jeu qui demande de la concentration, du doigté, de l’attention, et qui récompense avec une précision presque chirurgicale. Pour les amateurs du genre, c’est une bénédiction. Pour les joueurs plus casual, une pente glissante.

Un portage Switch presque irréprochable, élégant et parfaitement fluide

Pure Pool physique

L’un des atouts majeurs de Pure Pool sur Switch réside dans son exécution technique. Le jeu tourne sans broncher, aussi bien en mode portable qu’en docké. Les graphismes, parmi les plus soignés du catalogue Switch pour un titre de cette catégorie, affichent des textures fines, un éclairage maîtrisé, des reflets subtils sur les billes et des animations d’une fluidité impressionnante.

Mais le véritable joyau du titre se trouve ailleurs : dans sa physique. Chaque collision, chaque rebond, chaque glissement sur le tapis donne la sensation d’être calibré au millimètre. Aucun comportement erratique, aucune trajectoire hasardeuse. Pure Pool construit un réalisme presque sensoriel, celui qui fait oublier qu’on joue sur une console. On s’y croirait, réellement, et souvent davantage que dans certaines salles de billard aux tables fatiguées.

L’ambiance sonore accompagne cette esthétique avec la même discrétion raffinée. Les musiques jazzy, toujours en retrait, enveloppent l’expérience sans chercher à l’écraser. Les bruits de choc, le frottement du tapis, le calme ambiant composent un environnement sonore d’une justesse rare. Pure Pool prouve qu’un jeu peut être immersif sans jamais hausser la voix.

Un contenu solide mais qui manque d’âme dans sa mise en scène

Pure Pool Gameplay

Le jeu propose trois grands modes : une carrière, des défis et un mode libre baptisé « Ma Partie ». L’ensemble est cohérent, structuré, mais s’il fallait pointer un maillon faible, ce serait sans doute la carrière.

La progression face à l’IA, dans ce qu’elle a de plus linéaire, manque cruellement de personnalité. Pas de narration, pas de mise en scène, pas de rival identifiable, pas de tableau de progression scénarisé. On enchaîne les matchs comme on remplirait une grille Excel : efficacement, mais sans frisson. On aurait aimé une touche de dramaturgie, une ambiance de tournoi, un sens du contexte. Rien de tout cela n’est présent. La carrière devient alors un long couloir silencieux, utile pour s’entraîner, mais incapable d’imprimer des souvenirs.

Les défis, en revanche, reforment l’expérience avec un souffle plus ludique. Objectifs chronométrés, coups techniques, maîtrise des effets, gestion des fautes : chaque défi donne le sentiment de progresser, d’aiguiser ses compétences. C’est le moment où le jeu, d’ordinaire si sérieux, accepte de relâcher la pression.

Le mode libre, lui, révèle tout le potentiel de Pure Pool, surtout grâce à son multijoueur. Le crossplay fonctionne impeccablement, les parties s’enchaînent rapidement, et le matchmaking semble suffisamment équilibré pour que l’expérience reste plaisante, même à niveau intermédiaire. En local, le partage de la Switch est fluide et naturel. Contre l’ordinateur, l’IA propose une progression sincèrement stimulante, évolutive mais jamais surnaturelle. On sent que le jeu apprend de nous, s’adapte et réagit avec justesse.

Le suivi statistique, très complet, ajoute une dimension compétitive appréciable. Précision, victoires, fautes, tout est enregistré et comparé au niveau mondial. Cela pousse à s’améliorer, à perfectionner ses coups, à éliminer ses faiblesses. Pure Pool récompense la régularité et le travail.

Personnalisation limitée et interface parfois trop muette

Pure Pool

Si Pure Pool propose quelques éléments de personnalisation, queues et motifs de tapis à débloquer, l’ensemble ne dépasse jamais le stade du cosmétique pur. Il n’y a ni création personnalisée, ni amélioration de matériel, ni véritable sentiment d’appropriation. Les options restent limitées et ne modifient en rien le gameplay.

Plus gênante, l’interface en jeu manque parfois de lisibilité. Aucun affichage clair des boules restantes, aucune indication de la séquence de jeu, aucune mention des coups précédents ou à venir. On doit parfois deviner des informations essentielles que l’on attendrait d’une simulation sérieuse. Cette retenue excessive, probablement pensée pour laisser la table respirer, finit par nuire à la fluidité et à la compréhension des parties.

Pure Pool, une expérience taillée pour les puristes… et un mur pour les néophytes

Pure Pool

Pure Pool est un paradoxe fascinant. C’est l’une des simulations de billard les plus élégantes, les plus réalistes, les plus fines jamais proposées sur Switch. Sa technique est irréprochable, son ambiance superbe, sa physique exemplaire.

Mais c’est aussi un jeu qui, à force de viser l’authenticité, oublie parfois d’être accueillant. Il ne prend pas par la main, ne raconte pas d’histoire, n’explique pas les règles, se montre avare en informations essentielles, et laisse une carrière sans mise en scène se charger d’un rôle qu’elle peine à remplir.

Pour les joueurs déjà familiers du billard, Pure Pool a tout d’un indispensable, d’une référence. Pour les autres, il restera un magnifique diorama, admirable mais intimidant, dont on devine la beauté sans jamais vraiment oser s’y immerger.

Pure Pool est un bijou pour qui sait s’en saisir. Mais comme tout bijou, il n’est pas pour toutes les mains.

Ma note : 8/10

En résumé…

Les points forts
  • Physique exemplaire, parmi les plus crédibles sur Switch
  • Graphismes propres et immersifs, avec un éclairage très soigné
  • Ambiance sonore discrète, jazzy et parfaitement dosée
  • Crossplay solide et matchmaking rapide et efficace
  • Suivi statistique complet, réellement motivant pour progresser
  • IA équilibrée, évolutive et agréable à affronter
Les points faibles
  • Aucune explication des règles du billard, un vrai manque pour les nouveaux venus
  • Interface du jeu peu lisible, manque d’informations essentielles
  • Mode carrière trop neutre, sans narration ni mise en scène
  • Personnalisation limitée, purement cosmétique
  • Courbe d’apprentissage abrupte, surtout pour les débutants
  • Peu d’attrait pour les joueurs casual, qui risquent de décrocher rapidement

☕️ Profitez de la newsletter du dimanche !
Tous les liens des articles de la veille de Tech Café, actus exclusives et des recommandations.

Auteur
Torax

Rédacteur / Chroniqueur jeux vidéo pour techcafe.fr

Réagissez

Lire également