Domotique : interview de Cédric Locqueneux

Dans cet épisode, interview de Cédric Locqueneux, du site maison-et-domotique, et auteur du « Guide de la maison et des objets connectés.

❤️ Soutenez Tech Café sur Patreon
💬 Discutez avec nous et entre vous sur Discord
📱 Suivez-nous sur Instagram
💻 Tout Tech Café est sur techcafe.fr !
📰 Retrouvez-nous sur le magazine Flipboard !

Actualité Domotique

  • Fibaro Home Center 3 Lite : 129€ mais uniquement en Zwave 700
  • GCE qui a racheté Ziblue, va sortir une box IPX AIR complétement sans fil
  • Legrand qui a annoncé des interrupteurs sans fils et sans piles (Enocean)

Dossier :  Interview et présentation de Cédric Locqueneux 

Qui es-tu ?

Depuis quand es-tu dans la domotique ?

Un peu plus de 15 ans, j’ai commencé à l’époque avec des modules X10, utilisant le courant porteur. Il me fallait quelque chose de simple à démonter, car j’étais locataire en appartement. Puis j’ai fait construire une maison, et là a vraiment commencé l’aventure en domotique, et le lancement du blog.

Quels sont les grands changements que tu as pu constater dans ce domaine ? Tout ce que tu as pu utiliser (et implémenter) ?

Ce domaine a beaucoup évolué : il y a 15 ans, peu de solutions existaient en domotique “do it yourself”. On utilisait donc des modules X10, utilisant le courant porteur, avec son inconvénient : des parasites sur la ligne à cause du micro-onde du voisin pouvaient parfois faire allumer une lampe… Certains périphériques étaient importés des US, en fréquence 310Mhz : on utilisait déjà à l’époque un RFXCOM pour capter les infos de ces périphériques (les antennes du Rfxcom étaient juste énormes…). Pour gérer tout ça, il fallait un ordinateur, avec un logiciel comme Homeseer, la référence à l’époque, ou MisterHouse, opensource. Et on pilotait son système à distance à l’aide de SMS, les smartphones n’existant pas encore. C’était fun, révolutionnaire à l’époque, mais réservé aux utilisateurs avertis.

Mon installation a ensuite migré sur la technologie PLCBUS : comme le X10, les modules utilisaient le courant porteur. Mais la techno était plus fiable, et avait l’avantage d’apporter le retour d’état !

Homeseer a ensuite fait le choix de s’orienter vers le Zwave. À l’époque ZigBee et Zwave émergeaient aux US, et la principale solution domotique ayant fait le choix du Zwave, j’ai suivi. D’ailleurs, certains modules Zwave de l’époque sont encore en fonctionnement chez moi après plus de 10 ans, comme ceux qui pilotent mes volets par exemple.

La grosse révolution a été l’arrivée des smartphones et tablettes, grâce à leurs écrans tactiles, et des box domotiques, qui ont permis de s’affranchir d’un ordinateur, tout en proposant une consommation très faible et une bonne stabilité du système. La première a bien sûr été la Zibase, aujourd’hui éteinte malheureusement. Ont suivi la Vera, eedomus, Fibaro, etc. Les box, couplées à une application sur smartphone, ont vraiment permis de faciliter l’accès à la domotique.

Sont ensuite arrivés les objets connectés : un objet, une application, une utilité précise. Simple et rapide à mettre en place; Ils ont permis de faire émerger non plus la domotique, terme péjoratif pour le grand public, mais bien la “maison connectée”. Mais les objets connectés ont également permis de faciliter l’intégration d’autres appareils, comme par exemple les TV, les systèmes audio, ou encore les robots

Enfin, l’émergence des assistants vocaux, qui permettent réellement d’avoir une sorte de majordome qui obéit à nos moindres ordres. LE moyen de piloter très facilement la maison, même pour des personnes peu à l’aise avec un ordinateur ou un smartphone. La prochaine étape sera sans doute l’IA, permettant à la maison de prendre ses propres décisions en autopilot. Amazon commence déjà sur cette voie.

Ce que tu as pu voir qui est sorti et s’est planté (ou a survécu)

Exemple d’Orange et la domotique, qui enchaîne échecs après échecs : si le hardware est là (comme la solution précédente basée sur une Vera et le Zwave, deux éléments reconnu dans le domaine), le marketing n’a pas su susciter l’intérêt du grand public. Une publicité mettant en scène un couple se faisant des blagues à distance en déclenchant l’aspirateur ou l’arrosage automatique ne donne pas envie d’investir de l’argent dans un système domotique. Il faut pouvoir montrer réellement l’intérêt de la domotique, comme par exemple un thermostat connecté qui permet de gagner en confort, tout en faisant des économies d’énergie, ce qui amorti l’achat en 2 ans à peine, par exemple.

Blyssbox ou encore la Thombox, partis sur des protocoles propriétaires. Commercialement, cela s’explique : en vendant une solution domotique utilisant un protocole propriétaire, on s’assure de futurs achats. Mais cette politique est dépassée.

Dans quel but tu as sorti ton livre et est-ce qu’un 2ème est prévu ?

Le Guide de la maison et des objets connectés a été écrit justement pour toucher le grand public. Quelqu’un s’intéressant à la domotique tombera forcément sur mon site en se renseignant sur internet. Mais je voulais toucher le grand public, celui qui se promène à la Fnac ou même son supermarché, et découvre de nouveaux domaines en parcourant les nouveautés en librairie, par exemple. Ce livre a été également l’occasion de regrouper de nombreuses solutions et usages dans un seul et même endroit, facile à consulter. Internet est une ressource impressionnante d’informations, mais souvent bien trop vaste pour s‘y retrouver clairement.

Le domaine évoluant rapidement, une seconde édition est en cours d’écriture. Quand j’ai écrit la première version, mine de rien, les assistants vocaux n’existaient pas encore. Aujourd’hui ils se sont démocratisés. Des solutions ont disparu, d’autres sont sorties, il y a donc encore beaucoup de choses à en dire. 

Ton installation actuelle ?

  • Jeedom, avec 80% des périphériques en Zwave pour piloter automatismes, chauffage, et appareils. Mix de Philips Hue et Zwave pour l’éclairage.
  • Système Squeezebox pour le multiroom audio dans chaque pièce de la maison, via une enceinte intégrée dans le plafond.
  • Google TV pour la gestion vidéo.
  • Divers objets connectés : station météo Netatmo, robot aspirateur, robot tondeuse, serrures Nuki.
  • Un Google Assistant dans chaque pièce, permettant de piloter toute la maison à la voix, en plus de tout ce qu’on peut faire habituellement avec un GA.
  • Tout cela est relié à Jeedom.

Côté sécurité : un système de vidéosurveillance autonome fonctionnant avec Surveillance Station sur Synology, et une alarme Ajax. Il est important pour moi que la sécurité soit séparée du système domotique pour la fiabilité. Mais le système de sécurité est capable de communiquer avec la domotique pour déclencher certaines actions : chauffage en mode éco quand on part, ou encore simulation de présence en notre absence.

Selon toi, ça sert à quoi la domotique ?

  • On retrouve bien sûr les trois domaines habituels : la sécurité, les économies d’énergie, et le confort. Attention, celui pour aider les personnes dépendantes, surtout, pas le confort pour les flemmards…
  • Exemple : quand on part, un “ok google, on part” => fermeture des volets donnant à l’arrière de la maison, passage du chauffage en mode éco, coupure des appareils inutiles, extinction des lampes, activation du système de vidéo surveillance et de la simulation de présence
  • Suivi énergétique : chaque soir, une notification de la production solaire en watt et en euro, idem pour la consommation électrique et d’eau. Pas besoin de me connecter à mon système pour vérifier ces infos
  • Nombreux rappels : par exemple, ma fille doit suivre un traitement médicamenteux. À 12 ans, elle est relativement autonome, mais il y a parfois des oublis. Le matin, si la caméra Netatmo identifie son visage, un rappel s’affiche sur le Google Hub du salon pour savoir si elle a pris ses médicaments. L’écran lui propose “oui / non” : oui, c’est ok, et le stock est décrémenté dans Grocy. Ainsi quand le stock critique est atteint, nous recevons une alerte pour nous rappeler de passer à la pharmacie. Si le traitement n’a pas été pris, un rappel a lieu 10min après. Idem pour le soir.

On peut en fait réaliser énormément de choses en domotique aujourd’hui : quasiment tous les capteurs et actionneurs existent, il faut juste de l’imagination pour mettre en place des scénarios permettant de nous faciliter la vie.

Les erreurs à ne pas faire quand on installe de la domotique ?

  • éviter des solutions basées sur le cloud (la majorité des objets connectés)
  • pas de protocole propriétaire
  • ne pas succomber l’effet wahou
  • attention aux périphériques wifi : le wifi parle à tout le monde, mais attention aux limitations du réseau

Est ce qu’il faut un gros budget pour faire de la domotique ?

Non, c’est devenu aujourd’hui relativement abordable. Il y a 5 ans, en me basant sur du Zwave, et donc à une cinquantaine d’euros par point de contrôle, je proposais un budget de 2000€ environ pour piloter entièrement une maison de 120m2 (chauffage, éclairage, volets roulants, suivi énergétique, et même sécurité). Aujourd’hui, avec notamment l’émergence des produits ZigBee, très abordables, on pourrait quasiment réduire de moitié le coût.

Comment fais-tu tes tests ? Est-ce que tu testes en prod des nouveaux produits ? 

Jusqu’à très récemment, mon labo de tests était ma maison. Les produits que je recevais étaient installés dans la maison, et utilisés par tout le monde, durant un bon mois avant que je ne publie mon ressenti dans un article. C’est un bon moyen de tester en situation, mais ca a plusieurs côtés négatifs :

  • la contrainte de sans cesse devoir démonter et remonter des interrupteurs, etc. qui en plus font parfois tâche avec la déco, voir l’abiment, à force de manipulation
  • devoir informer toute la famille des changements
  • se prendre les réflexions de ces mêmes personnes « ça marche pas ton truc”
  • la perte de stabilité de l’installation globale à force de tester de nombreux produits

Après 13 ans, je me suis donc enfin décidé à me construire une platine de tests, qui me permet de tester plus facilement tout ce qui est interrupteurs / prises / lampes notamment. Des appareils testés quotidiennement, mais limités en grosse partie au bureau, où je passe tout de même la majeure partie de ma vie.

Mais il m’arrive encore souvent de tester des produits en prod, car on ne peut parfois pas faire autrement, ou simplement parce que ce sont des produits que je prévois de toute façon d’intégrer définitivement à mon installation.

Côté solutions domotiques, quand il s’agit de software, j’ai plusieurs VM sur mon Synology. Quand les solutions n’existent qu’en hardware, les tests sont faits directement dessus, car j’ai la majorité des box domotiques existant aujourd’hui. 

Les choses les plus improbables que tu as pu tester ?

  • ton système anti intrusion à base de fumée : Fumicube
  • ouvrir son portail d’un appel de phares
  • la première brosse à dents connectée
  • un robot de massage (qui nous roule dessus !)
  • un robot aspirateur capable de reconnaître les excréments d’animaux !

Chaînes YouTube & blogs

Participants

Devenez un auditeur VIP

Garantissez une diffusion sur le long terme et un contenu indépendant grâce au modèle vertueux du financement participatif avec Patreon et profitez d’un flux privé sans publicité.

Je débloque les avantages
Partager cet épisode
Présenté par
Guillaume Vendé

Podcasteur technophile enthousiaste. Je réalise le podcast Tech Café et co-réalise le podcast Relife.

Vos commentaires

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

8 commentaires

D'autres épisodes...

Licence Creative Commons
Le Podcast Tech Café de Guillaume Vendé est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.

Les livres de Guillaume Poggiaspalla

Mon offre

Machines de jeux